L’anxiété est l’un des premiers ennemis du sommeil. Vous êtes allongé dans le lit, les yeux ouverts, et vous avez beau essayer de dormir, votre esprit tourne à toute vitesse. Les pensées s’enchaînent, les inquiétudes s’accumulent, et plus les heures passent, plus vous anticipez la fatigue du lendemain. Vous redoutez déjà les réveils nocturnes, la somnolence diurne, la difficulté à bien dormir. Si ce tableau vous est familier, vous n’êtes pas seul.
En France comme ailleurs, de nombreuses personnes souffrent d’insomnie chronique, souvent en lien avec un stress ou une anxiété sous-jacente. Et cette relation n’est pas à sens unique : plus on est anxieux, moins on dort bien, et moins on dort bien, plus on devient anxieux. Alors, comment favoriser l’endormissement, réguler les cycles de sommeil, et enfin réussir à retrouver un sommeil calme et réparateur ? C’est ce que nous allons voir ici.

Pourquoi l’anxiété empêche-t-elle de dormir ?
Pour s’endormir naturellement, notre système nerveux doit ralentir, le corps doit se détendre, l’esprit se relâcher. Mais l’anxiété active au contraire notre système d’alerte. Elle libère des hormones comme le cortisol qui maintiennent le cerveau en état de vigilance. Résultat : impossible de se mettre dans les bonnes conditions pour favoriser l’endormissement.
Même quand on fait l’effort de se coucher à l’heure du coucher habituelle, le sommeil tarde à venir. La qualité du sommeil diminue, avec de fréquents réveils nocturnes, une sensation de sommeil léger, non réparateur. Au réveil, on se sent souvent vidé, irrité, avec une sensation de ne pas avoir eu une bonne nuit de sommeil.
Cette réaction est d’autant plus marquée chez les personnes au chronotype du soir, qui ont naturellement tendance à aller se coucher plus tard. Si leur emploi du temps les oblige à se lever tôt, leur horloge biologique est décalée, ce qui aggrave encore les troubles du sommeil.
L’insomnie chronique : quand l’angoisse devient un réflexe du coucher
Avec le temps, l’anxiété liée au sommeil peut devenir elle-même une cause d’insomnie. C’est ce qu’on appelle souvent le cercle vicieux de l’insomnie chronique. Chaque soir, on anticipe la difficulté à dormir, ce qui crée une tension qui, elle-même, empêche de dormir. Le lit devient un lieu d’angoisse, l’acte de se coucher est vécu comme une épreuve.
La dette de sommeil s’accumule, et le manque de repos influe sur la gestion des émotions, l’attention, la mémoire. Le moindre imprévu devient une source de stress. Cette irritabilité chronique peut détériorer les relations sociales, affecter le travail ou les études, et même provoquer des troubles de l’humeur.
À cela s’ajoutent des habitudes de sommeil inadaptées : rester longtemps au lit sans dormir, utiliser son téléphone juste avant de dormir, consommer de la caféine en fin de journée… Autant de comportements qui finissent par perturber le rythme veille/sommeil naturel de l’organisme.

Le paradoxe de l’intention : vouloir dormir à tout prix
Un concept central dans les troubles anxieux liés au sommeil est le paradoxe de l’intention. Plus on essaie de dormir, plus on reste éveillé. Ce phénomène est bien documenté en psychologie : le sommeil est un processus involontaire. En se concentrant trop sur l’objectif de « dormir », on stimule notre attention, notre contrôle, et donc notre état d’éveil.
Cela peut sembler contre-intuitif, mais arrêter de vouloir s’endormir à tout prix est parfois le premier pas vers le sommeil. Accepter l’état de veille, sans lutter, permet de désactiver le stress lié à l’endormissement. C’est ainsi que certaines thérapies, comme la « thérapie par intention paradoxale », proposent de se dire « je vais essayer de rester éveillé » plutôt que « il faut absolument que je dorme ».
Hygiène de vie et environnement : des piliers souvent négligés
Pour faciliter l’endormissement, il est crucial d’améliorer son hygiène de vie. Cela commence dès la journée :
- Limiter les excitants comme la caféine, surtout après 14h.
- Pratiquer une activité physique régulière, mais éviter le sport intense en soirée.
- Respecter son horloge interne en se couchant et se levant à des horaires réguliers, même le week-end.
Le soir, la période avant de dormir est particulièrement importante. Il est recommandé de :
- Éteindre les écrans au moins 1h avant de dormir.
- Créer une atmosphère apaisante : lumière tamisée, silence, odeurs relaxantes.
- Privilégier des activités calmes : lecture, musique douce, méditation.
Instaurer ces habitudes de sommeil aide à signaler au cerveau qu’il est temps de ralentir. Cela contribue à réguler les cycles de sommeil et à préserver l’alignement de notre horloge biologique.
Techniques psychologiques pour mieux dormir malgré l’anxiété
Certaines approches thérapeutiques peuvent profondément améliorer la qualité du sommeil. La thérapie cognitivo-comportementale de l’insomnie chronique (TCC-I) est aujourd’hui la méthode la plus efficace pour traiter les insomnies liées à l’anxiété. Elle repose sur plusieurs piliers :
Restructuration cognitive : changer la perception qu’on a de son sommeil et de ses capacités à gérer la fatigue.
Restriction du temps passé au lit : limiter les heures au lit pour renforcer l’association entre lit et sommeil.
Contrôle des stimuli : réserver le lit uniquement au sommeil (et non au travail, aux écrans, aux discussions stressantes).
Relaxation : apprendre à apaiser son système nerveux grâce à la respiration, à la pleine conscience, ou à la relaxation musculaire.
Ces techniques permettent de favoriser l’endormissement de manière naturelle et durable, sans avoir recours systématiquement à des somnifères.
Quel est votre chronotype ? Adapter son rythme pour mieux dormir
Connaître son chronotype (du matin, du soir ou intermédiaire) peut aider à ajuster son quotidien à son fonctionnement biologique. Une personne « du matin » sera plus performante tôt et aura besoin d’aller se coucher plus tôt. Une personne « du soir » aura un pic d’énergie en soirée, mais devra faire attention à ne pas dérégler son horloge interne si son emploi du temps exige des levers matinaux.
Respecter son chronotype permet d’éviter la dette de sommeil, de réduire la somnolence diurne et d’améliorer globalement la qualité du sommeil. Même si l’on ne peut pas toujours adapter ses horaires à son rythme naturel, prendre conscience de son chronotype permet de mieux comprendre ses besoins et de les respecter autant que possible.
En conclusion : retrouver un sommeil serein malgré l’anxiété
Mieux dormir, ce n’est pas simplement dormir plus, mais dormir mieux. Un sommeil réparateur passe par un environnement propice, des habitudes de sommeil saines, une hygiène de vie adaptée, et une gestion douce de l’anxiété. En comprenant les liens entre stress, horloge biologique, et système nerveux, chacun peut progressivement retrouver le chemin d’un sommeil profond, calme et naturel.
Si vos troubles du sommeil persistent malgré ces conseils, n’hésitez pas à consulter un professionnel du sommeil ou un psychologue spécialisé. Il existe aujourd’hui des approches efficaces, validées scientifiquement, pour vous aider à retrouver une bonne nuit de sommeil, chaque nuit.
Cet article vise à sensibiliser les personnes anxieuses à l’importance du sommeil, et à leur donner des conseils simples mais efficaces pour retrouver une meilleure qualité de sommeil, sans tomber dans les pièges classiques de l’hypercontrôle ou de la pression du « il faut que je dorme ». Pour toute insomnie persistante, une consultation professionnelle est recommandée.